Le sol du monastère

Une première semaine de septembre qui s'avère comme de coutume très productive, puisqu'elle consent aux employés genevois une escapade loin des bureaux et des écrans d'ordinateurs pour célébrer le massacre de la Saint-Barthélémy en mangeant de tartes aux pruneaux.

Jeudi 6 septembre donc,

le programme consiste à se rendre aux Bragades pour poser le sol dans la salle de bains. Au préalable, cela demande bien sûr d'acheter le carrelage adéquat. Heureusement, G avait préalablement proposé à N de choisir les catelles qui lui procureraient le plus de bonheur, et son choix s'était porté sur le modèle "Monastero", certes un peu cher, mais au final pourquoi mégoter si on peut rendre son épouse heureuse? Arrivés au Leroy Merlin, avant même d'avoir pu chargé leur chariot, ce dernier est dérobé par un client de passage. G le lui fait remarquer en lui jetant symboliquement son gant (il fait encore trop chaud pour en porter), mais l'homme s'excuse platement, visiblement ne pensant pas à mal, alors G s'en va chercher un second chariot la tête haute après avoir ramassé son gant (tout aussi symboliquement).

Arrivés aux Bragades, ils déchargent les lourds paquets de carrelage. Pendant que R prend des mesures, G prépare la colle jusqu'à obtenir la bonne onctuosité. Une fois déterminé le bon quadrillage, la pose peut commencer. l'espace est réduit et les carreaux très grands, de sorte que tout est bouclé dans la matinée. Les bords sinueux des catelles autorisent également une plus grande créativité artistique dans la pose.

L'avantage des jours fériés genevois, c'est qu'on peut déjeuner à l'Étable des Complices, au combien plus ragoûtante que le Richemond.

L'après-midi, c'est au tour du parquet du vestibule d'être posé. Tout est bouclé avant la tombée de la nuit de sorte que R en profite pour raboter la porte de la salle de bain qui coince un peu. Quant à G, il nettoie de son mieux la colle sur les catelles et dans les interstices qui accueilleront le blanc de joint.

Alors qu'ils se préparent à partir, ils aperçoivent un troupeau de moutons en liberté qui s'approche dangereusement de la propriété. Ils sifflent et grognent jusqu'à ce que les crasseuses pécores passent leur chemin et descendent la route des Bragades.

Le soir, ils goûtent goulûment à la sauce bolognaise qui accompagne les pâtes préparée par N.

Samedi 8 septembre,

Les médias français donnent à voir de magnifiques jouxtes verbales et des éditoriaux rageurs sur la dernière blague belge consistant à simplifier l'accord du participe passé, et qui selon Voltaire aurait fait plus de ravages que la petite vérole. Comment même imaginer qu'une règle aussi belle puisse être simplifiée? Après la nouvelle orthographe, ce serait la voie ouverte à l'inéluctable déclin de la langue de Molière. Fort heureusement, le blog des Bragades n'est pas du tout lu par les Immortels et peut donc se jouer de l'accord sur un mode mineur, majeur ou augmenté selon l'humeur qui l'habite.

Mais revenons aux Bragades. C'est au tour de l'avant-dernière pièce de la maison d'être parée d'un parquet. Le salon est cependant encore encombré d'outils éparpillés, de sorte que le camp de base doit déménager dans le vestibule. En revanche, il faut maintenant commencer à prendre des précautions, car ce dernier est lui aussi recouvert de parquet. Heureusement, R a pensé à tout et déroule une grande couverture plastifiée de protection qu'il a acheté à Jumbo (héhé).

Pour mettre un peu d'ordre, les outils et matériaux sont savamment triés et rangés dans des caisses labellisées au marker. Quand l'utilité d'un outil ou la qualité d'un matériau sont diagnostiqués comme discutables, ils passent directement à la poubelle.

Comme d'habitude, c'est la première ligne de planches qui est difficile à poser, car il faut qu'elle soit absolument droite. Ensuite, après avoir mis des cales, les autres sont frappées contre, et ça déroule.

Le déjeuner est servi à l'Aparté avec des pizzas dont l'appellation "capricieuse" est elle-même un peu capricieuse.

L'après-midi, ils terminent de poser le parquet. Les chèvres reviennent dans le pré et R doit de nouveau se faire très menaçant pour qu'elles repartent au son de leur clochette. Il profite également des derniers rayons de soleil pour cueillir quelques belles et goûteuses pêches du jardin.

Le soir, place à la gastronomie. Ils se retrouvent avec leur épouses pour dîner à la Chaumière avec en entrée une belle truite marinée aux agrumes, accompagnée de semoule de choux fleur et pistaches. Le plat principal est un suprême de volaille farcie à l'estragon et aux champignons, et le dessert un succulent mille-feuille mirabelle.

Le lendemain, la brise sur le lac les amène jusqu'au Reposoir.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://tabanas.net/bragades/index.php?trackback/122

Haut de page