Le retour du randonneur

Après avoir parcouru 600 kilomètres de Thonon-les-Bains à Menton, mais plutôt 700 en km/efforts si l'on compte les 10'000 mètres de dénivelé, soit plus d'un million de pas de marcheur dans le bitume, la glace, la neige, la boue, le gravier, la terre battue, le sable, les fougères et en enjambant les randonneurs gisant épuisés, R pète la forme. D'attaque pour la rénovation, il propose à G d'aller aux Bragades mercredi 18 juillet, et ce dernier s'empresse de prendre congé auprès de ses employeurs.

A 8h00, G apporte les croissants au chocolat et l'excédent de bagage que R avait envoyé par colis après deux jours de marche, sentant le sac à dos trop lourd sur ses épaules. L'ouverture du colis révèle le choix tactique de R. En raison de leur poids et de leur relative inutilité, le piolet et la housse imperméable du sac de couchage furent sacrifiés pour un plus grand confort de pérégrination.

Le café avalé, ils prennent la route et passent par Viuz-en-Sallaz où un crochet au Point P leur permet d'acquérir deux panneaux d'OSB présumés manquants aux Bragades. Arrivés au Point P, c'est consternés qu'ils apprennent que le stock est épuisé. "Fais un saut au dépôt de Vallier, c'est à 100 mètres sur la droite en sortant!" conseille le vendeur prompt au tutoiement après avoir examiné le look très ouvrier des deux acheteurs. Ils s'y rendent donc et trouvent le manutentionnaire qui leur confirme la présence du bois recherché. Les deux panneaux sont achetés et arrimés sur le toit de l'Espace qui repart direction les Bragades. Sur place, après avoir déchargé les panneaux d'OSB, ils attaquent directement le sous-plancher du living. À leur grand étonnement, le nouveau panneau ne convient pas car il est plus large que les autres... Ils terminent donc avec le reste d'anciens panneaux, qui au final était amplement suffisant! "Dommage collatéral imprévisible" pense G résigné. La dernière rangée doit être découpée avec un interstice d'environ un centimètre du mur pour pouvoir faire descendre la pièce, et l'expérience aidant, le tout ne prend que quelques minutes.

Il faut ensuite préparer le seuil entre le living et la chambre à coucher côté est. De vieilles planches doivent être extraites, ce qui s'avère plus compliqué que prévu car elles sont encastrées sous les murs. Aux grands maux, les grands remèdes: la tronçonneuse est mise à profit pour découper les planches sur leur milieu, ce qui facilite leur arrachage. Telle la madeleine de Proust, la forte odeur d'urine de souris les replonge deux ans en arrière quand ils avaient arraché tout l'ancien plancher de la grange.

L'étape suivante consiste à dégager la peuf (en l'occurrence, un mélange de terre, vieille chaux et poussière) et ne laisser que la pierre, sur laquelle sera coulé du béton. L'aspirateur est mis à contribution car la quantité de peuf est importante. Pendant ce temps, R bouche toutes les ouvertures du plancher avec de la mousse expansive, afin que la niveline puisse s'étaler sans fuite sous le plancher. Du joint acrylique est également posé tout autour du sous-plancher pour freiner le passage des insectes et de l'air froid en provenance de la cave.

À midi, ils décident d'aller déjeuner à l'Étable des Complices, une adresse nettement plus avantageuse que le traditionnel Richemont, mais qui a pour inconvénient d'être fermée le samedi. Ils parviennent tout juste à trouver une petite table, car les réservations vont bon train dans ce restaurant très populaire. Ils en profitent pour comparer les devis des fosses septiques, mais il n'est pas facile de se faire une idée très précise du meilleur projet.

L'après-midi, G lance la bétonnière. Il ne reste qu'un demi-sac de ciment, alors R propose d'ajouter aussi une même quantité de chaux (normalement réservée pour les murs). Pendant ce temps, R réalise une ouverture dans le placo-plâtre de la chambre à coucher. En effet, les tuyaux d'évacuation nécessite un raccordement à l'air libre qu'ils avaient tout simplement oublié. La solution consiste donc à le faire passer entre les placos de la chambre et la salle de bain jusqu'au grenier où se fera la prise d'air.

Une fois le mortier prêt, ils parsèment le seuil de grosses pierres et le déversent par-dessus. Ensuite, à l'aide d'une lambourde, la surface est soigneusement aplanie et rendue très lisse. Une petite signature pour les générations futures, et voilà, le travail est fait.

Le reste de l'après-midi est consacré à la pose de la niveline. G lit soigneusement les instructions. Après avoir découpé les boudins de mousse expansive, ils passent une bonne couche de primaire pour accrocher et retenir la niveline. Une fois la couche de primaire séchée, ils malaxent dans un grand seau un mélange de 25 kilos de Deltapro fibré avec 6,25 litres d'eau claire. Le mode d'emploi propose d'ajouter aussi une portion de sable pour ajouter à l'épaisseur, ce qu'ils font sans hésiter, au vu de la grande quantité de sable dont ils disposent encore.

Les trois sacs de niveline y passent mais cela ne suffit pas encore pour atteindre le niveau des planches d'OSB. Il manque environ trois millimètres sur toute la surface qu'il faudra combler avec de nouveaux sacs. Mais l'heure avance et ils doivent impérativement rentrer avant 17h00, car une vadrouille est prévue. Les outils sont lavés et rangés et, après un rapide arrosage de la vigne, ils quittent les Bragades sur les chapeaux de roues.

Le soir, avec D, N, S et P, ils partent en moto sur les hauteurs du Jura déguster de la viande de vache écossaise. Après quelques sympathiques arsouilles pour franchir le col de Saint-Cergue et celui du Mollendruz, ils parviennent au restaurant "Les Croisettes", une excellente adresse très bucolique et chaleureuse, où la viande est bonne et le service fort sympathique. Le retour est naturellement un peu plus fatigant, car il fait frais sur les crêtes du Jura, en plus d'y faire nuit!

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