La vigneronne

Deux semaines se sont écoulées depuis la dernière incursion aux Bragades. Le samedi 30 juin, G et P ont parcouru 400 kilomètres à moto, passé onze cols de Haute-Savoie, Savoie et Hautes-Alpes pour amener des cartes et du rechange à R, stationné à Névache. Mission accomplie et R, ayant effectué à peu près la moitié du parcours, peut reprendre son long périple jusqu'à Menton.

Ce samedi 7 juillet, il n'y a pas grand monde qui peut accompagner G. E et I sont partis en famille dans le pays du Soleil Levant et JL, initialement partant, a dû se dédire, trop empêtré dans les affaires de sa société d'éoliennes. Il ne reste plus personne à G pour venir lui prêter main forte si ce n'est, mais oui, sa femme! Cette dernière grommelle une acceptation quand prise au dépourvu, elle n'a pas le temps de formuler une excuse suffisamment crédible.

Après moult négociations, le départ est différé d'une heure, de sorte que le couple arrive aux Bragades sur le coup de 10h00 environ. C'est aussi l'occasion pour Madame de conduire sa nouvelle Renault Espace, qu'elle maîtrise admirablement, en particulier pour le changement des vitesses, le frein à main, les essuie-glaces et les feux. La première tâche est simple: profiter de la remorque et faire un saut à la déchèterie. Des vieux pneus qui encombrent le garage, des portes, des fenêtres, du vieux bois, des fers, une botte de paille et beaucoup de sacs poubelle sont chargés sur la petite remorque et le tout est bien sanglé. G remonte la petite roue avant de support, accroche la boule et le câble électrique, et le départ est donné. À l'entrée de Bonneville, G a la bonne idée de resserrer les sangles du chargement qui s'étaient bien détendues. Tout se passe sans encombre jusqu'à une centaine de mètres de la déchèterie, quand un bruit de frottement et de chute de se fait entendre. G arrête le véhicule et se rend compte que la roue de support s'est décrochée, visiblement en raison d'un serrement de vis trop léger. Heureusement, elle ne semble pas avoir subi de grave torsion et doit pouvoir être replacée dans son logement. À la déchèterie, comme d'habitude, les cantonniers sont très sympas, surtout en présence de la gente féminine. "De la paille? Mais il est où le cheval?" demande l'un d'eux. "C'est moi la bête de somme" rétorque G. "Ha, ha, c'est clair, on préfère être un étalon, mais cheval de trait c'est bien aussi!" Sur le chemin, ils en profitent pour faire quelques courses, car ils ont décidé de pic-niquer dans le jardin. Aux Bragades, N se lance dans un grand nettoyage de la cave, en particulier de la cuisinière recouverte de ciment, peinture, et autres poussières et cailloux. G se rend compte que la végétation devient haute et épaisse. Il est résolu à tailler dans le gras. Première chose: la tondeuse. Il tond quelques mètres carrés avant d'entendre un grand bruit désagréable. Il est passé sur un gros caillou caché dans l'herbe haute. Les dégâts sont importants: le cache est détruit et la courroie déchirée. C'est fini pour la tonte. Il emmanche alors la débroussailleuse et s'attaque aux bambous, orties et ronces. Il fait très chaud.

À midi, ils déjeunent sur l'herbe et c'est agréable d'être à l'ombre. Pendant que N effectue sa sieste obligatoire, G scie quelques branches du figuier et du noyer pour aérer l'espace. Il s'attaque aussi aux gros buissons de lianes et de frênes qui sont des nids à ronces. En sciant une branche sous tension, il reçoit une volée de bois vert en plein front lorsque celle-ci cède, lui causant un bel hématome sanguinolent. Peut-on vraiment être plus malhabile? G n'a pas encore scié la branche sur laquelle il se serait assis, mais ça ne saurait tarder.

L'après-midi, ils décident de s'occuper de la vigne. Le palissage avait commencé la semaine précédente avec E dont les coups de masse avaient permis d'enfoncer les poteaux bien profonds. G et N tendent deux fils de fer qui sont arrimés de chaque côtés sur un petit pal enfoncé en biais, assurant ainsi une meilleure résistance à la tension.

Ensuite, pendant que G continue de débroussailler, N , qui a pu se forger une belle expérience vigneronne lors de ses nombreuses excursions aux Jardins de Cocagne, débarrasse les vignes des ronces, hautes herbes et sarments qu'ils ont convenu de sacrifier. Une fois le pied de vigne mis à nu, les quatre ou cinq sarments les mieux placés sont accrochés au fil de fer avec des serre-câbles.

Il fait trop chaud pour continuer le débroussaillage. Pendant que N arrose les vignes, G tente de placer une plaque d'OSB, mais il a évidemment oublié toutes les consignes laissées par R, de sorte qu'il hésite à la fixer avec des vis. La journée a été suffisamment remplie, alors ils rentrent. Le soir, ils retrouvent E, I, D et C sur la terrasse du Piatto d'Oro, à Meyrin, dont G regarde avec nostalgie la transformation radicale. L'ambiance est excellente et les mets aussi, qu'il s'agisse des pizzas, ou de la tagliata. Les réjouissances sont particulièrement prononcées pour certains, lorsque l'arbitre déclare la victoire des Croates sur les Russes!

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