Dernier tablettage

Samedi 9 juin, G arrive au chemin Taddéoli avec retard. Associant inconsciemment la conduite d'une Espace automatique à celle d'un retraité ou bon père de famille, sa vitesse moyenne de déplacement en a pris un sacré coup par mimétisme involontaire (aussi appelé effet de Floride). C'est aussi la dernière venue de R aux Bragades avant son grand départ en vacances pour marquer de ses pas une trace indélébile sur le GR 5. Il craint un peu la présence de blocs de glace et de neige qui l'empêcheront d'accomplir son périple.

Ils optent pour le Flower Power dont les sièges peuvent facilement être enlevés et permettent de transporter plus de matériaux.

Plutôt que d'aller aux Bragades, ils font un crochet par Viuz-en-Sallaz où Point P pourra les équiper en OSB, lambourdes et carrelets, nécessaires au tablettage du sol du salon. Ils achètent également de la niveline ("Ragréage fibré autolissant" en français), autrement dit un liquide que l'on répand sur un sol et qui permet de niveler jusqu'à 3 centimètres de différence de niveau, après séchage. Après un rapide calcul, c'est tout de même trois sacs de 25 kilos qui sont commandés. Les longues lambourdes et les panneaux d'OSB sont placés à l'arrière du Flower Power et le tout est bien arrimé avec des sangles. Le transport jusqu'aux Bragades se déroule sans encombres, abstraction faite d'une poignée décrochée qui les obligent à trouver une autre attache pour la portière arrière.

Aux Bragades, la chaleur est déjà bien installée. R et G commencent par débarrasser le salon de tous les outils et matériaux qui l'encombraient depuis des mois. G récupère immédiatement la pièce défectueuse de la débroussailleuse, car il faudra en commander une de rechange très rapidement. Une fois la pièce vidée, ils découpent une ouverture dans le sol de dix centimètres de côté,- seule manière de poser le laser à ras du sol. La hauteur de l'OSB est réglée en fonction du niveau zéro à la jonction avec la cuisine, en prenant en compte l'épaisseur du parquet. Le travail de tablettage peut commencer. La scie circulaire de table est mise à contribution mais elle a des ratés qui inquiètent R. Le bruit est loin d'être normal et ils entendent comme un aboiement dû à un frottement. Après examen, il semble qu'une poulie ait subi une torsion et que le ventilateur s'est peut-être détaché. Malheureusement, rien n'est réparable, et il faudra faire avec.

Juste quand ils décident de reprendre le travail, que ne voilà-t-il pas que le propriétaire historique, Roger, accompagné d'un compère, débarque sans crier gare. Il peine à retenir un petit cri étouffé quand il constate les changements dans son ancienne demeure ("Ah, bin vindieu alors! Dis-donc, qu'est-ce que ça change!"). Il mentionne aussi une visite récente pour tailler les rosiers qui étaient effectivement un peu à l'abandon.

Après leur départ, R et G peuvent reprendre les choses sérieuses.

Le tablettage est toujours un peu pénible, car on passe son temps à s'agenouiller et se relever pour poser les lambourdes, les découper et les caler. "-Mais c'est le dernier! Ensuite, ce n'est plus que de la finition!" dit R à G pour l'encourager.

A midi, R et G vont déjeuner et décident pour changer d'aller sur le troquet de la place à côté de l'Hôtel de ville. Ils commandent un tartare de charolais avec une petite blonde. Ce n'est pas mauvais, mais les frites sont un peu cartonnées.

L'après-midi, il fait chaud, mais le tablettage est vite terminé grâce à la grande expérience accumulée. Ceci leur permet de poser de l'OSB très facilement sur presque toute la surface. Il manquera une planche au final, car il y a beaucoup de rompus sur le dernier bord, qu'ils n'avaient pas prévu. Avant de rentrer, ils rangent et G en profite pour aller mettre en terre la vigne reçue en cadeau pour son anniversaire. Il la positionne entre deux autres pieds de vigne. "Il faudra les tailler en gobelet et les palisser en travers du talus pour éviter l'érosion" lui explique R en arrosant la jeune pousse.

Sur le chemin du retour, R donne quelques instructions sur les tâches qui pourront être faites, mais dont seule une maigre portion semble à portée de G dont la spécialité est de s'adonner à des missions simples et répétitives.

Le soir, ils se retrouvent autour de belles grillades et salades, dans la belle demeure qu'occupent P et S avec une splendide vue sur le lac. G en profite pour examiner la dalle de 50 m2 de béton coulée le jour avant par P et R. "On a cru mourir!" expliquent-ils. "Après 2 mètres, on n'avait plus d'énergie, et il manquait encore une bonne dizaine. Vers la fin, le béton avait pratiquement déjà pris et était trop difficile à aplanir." Mais le résultat fait plaisir à voir. Il ne reste plus qu'à occuper ce bel espace en y garant quelques jolies motos des années 1970, ou pourquoi pas une petite voiture sportive!

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : https://tabanas.net/bragades/index.php?trackback/110

Haut de page