Into the Balkans

En ce début d'avril, le weekend des Bragades est sacrifié pour la bonne cause. E a repéré une maison de vacances à haut potentiel et aimerait la visiter avec G et R. Rendez-vous est pris jeudi soir et l'équipe s'embarque pour un voyage de 1200 kilomètres.

Le temps est affreux, il pleut en continu dans la nuit et l'heure de pointe n'aide pas à fluidifier le trafic. G, réputé pour ses terribles insomnies, ne prendra jamais le volant durant tout le voyage de l'aller, occupé qu'il est à ronfler sur la banquette arrière. Quand il se réveille, il voit R courir sur un embarcadère pour aller acheter les billets du Ferry, qu'ils finiront par attraper de justesse.

Le voyage sur la mer se déroule sans encombre et la petite brise marine rafraîchit les visages et les esprits. L'arrivée sur l'ile de Brac se fait dans le port de Super-Pétard (Supetar en dialecte local), où ils retrouvent le propriétaire de la maison, qui se trouve de l'autre côté de l'île, dans la petite bourgade de Milna. Pendant le voyage, E fait la conversation et il s'avère que l'homme est très, très croyant et très amateur de foot (il ne se gêne pas pour rappeler que la Croatie est presque championne du monde). Il croit que les acheteurs sont R et G, et E ne fait rien pour le détromper. Une fois la voiture garée, ils le suivent dans le dédale des rues jusqu'à l'adresse de la demeure en vente. Étrangement, le propriétaire et le voisin se lancent des regards noirs sans se saluer.

La maison est sur trois étages, alors R et G décident de prendre des repérages et faire un plan. Pendant que R prend les mesures au laser, G les reportent sur le plan de l'étage et prend des photos. Il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup de travaux. Entre l'électricité et l'eau qui ne sont pas installées, les murs abimés, les poutres vermoulues à remplacer et l'état général, l'ampleur de la tâche est un obstacle certain. Le propriétaire n'est pas particulièrement sympathique. Tout juste s'il accepte d'entrouvrir les volets, ment sur l'accès à l'eau courante et s'interpose quand R essaie de soulever une bouche d'égout pour examiner les possibilités de raccordement. Quand il demande aux visiteurs de se dépêcher, R perd contenance et se fait traduire par E pour lui rappeler qu'ils ont fait 14 heures de route pour venir la voir, alors qu'il patiente, surtout que la maison n'est pas vraiment à la hauteur des attentes.

Après avoir pris congé, tous sont convaincus que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Comment même imaginer pouvoir poser un échafaudage s'il empiète sur le terrain du voisin avec lequel l'entente n'est pas cordiale?

Mais contre mauvaise fortune, il faut faire bon coeur, alors ils en profitent pour visiter la citadelle de Milna avec son très joli port, et où un nombre impressionnant de maisons sont à l'abandon. Ce constat les renforce dans l'idée que des difficultés administratives doivent s'ajouter à celles techniques pour entreprendre des travaux.

Après un apéritif, ils décident de déjeuner dans un restaurant dont c'est l'ouverture de la saison. Ils commandent du poisson grillé avec une bouteille de blanc, mais après une heure, il ne se passe toujours rien. La serveuse s'excuse, car le grill doit chauffer et cela prend plus de temps que prévu. Et pour le vin? Un peu honteux, la serveuse explique qu'ils n'ont plus retrouvé le tire-bouchon, et que le patron est en train d'essayer de l'ouvrir avec une longue vis... Abasourdi, G se lève et propose son couteau suisse au patron, qui le remercie vivement de l'avoir tiré de ce mauvais pas.

Il fait bon et la météo est clémente. Ils décident tout de même de rentrer faire une petite sieste jusqu'à 18 heures pour l'apéro. La fatigue du voyage aidant, la sieste se prolonge au-delà du raisonnable, surtout pour E qui ronfle comme une forge encore à 19h00. R et G prennent les devants et dégustent un petit cocktail en contemplant le coucher du soleil sur la baie de Milna.

Il est trop tard pour aller dans le meilleur restaurant de l'île, tout de même à une vingtaine de kilomètres, quand E émerge et ils se rabattent sur une pizzeria du port. Pour mieux célébrer l'anniversaire de R, ce dernier propose une bonne bouteille de vin local recommandée par le patron. Quand celui-ci amène la bouteille, fait admirer l'étiquette, détaille les minéraux du terroir et l'angle parfait des rayons de soleil sur les coteaux de l'île, carafe longuement et savamment le liquide, avant d'en faire goûter une précieuse goutte à R, ils pouffent sous cape de l'incongruité du spectacle, mais anticipent aussi bien malgré eux que l'addition sera à l'avenant.

Le vin se révèle plutôt acide, de sorte qu'ils ne parviennent pas à terminer la bouteille, mais R, grand prince, régale en prenant l'addition. "- En payant cette piquette plus cher que la plus modeste bouteille de Châteauvieux, j'en ai finalement pour mon argent, car jamais je n'aurais pu assister à pareille scène là-bas!"

À son habitude, E restera encore à boire et discuter jusqu'à l'aube, car il a appris que le patron est bosniaque, pendant que R et G rentrent se coucher.

Le lendemain, ils font un crochet par Bihac, où la soeur d'E les accueille avec moult soupe et côte de boeuf bouillie. Ils passent la soirée en compagnie bosniaque fort sympathique, mais où la barrière de la langue ne permet pas toujours de bien communiquer. Ils repartent dimanche matin, non sans avoir subi au petit-déjeuner un bon kilo d'agneau passé au tourne-broche accompagné d'oignons frais pour rester bien éveillés pendant le trajet!

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