Reculer pour mieux sauter

Samedi 2 février, la neige recouvre toute la région de son beau manteau blanc et suscite quelques angoisses pour G qui n'a pas de chaînes. R le rassure en lui rappelant que la route des Bragades est toujours bien déneigée en raison du Luth. G se souvient cependant qu'à la même période, l'année précédente, ils avaient dû rebrousser chemin, tant l'ascension s'était avérée périlleuse et difficile même pour le tracteur à neige qui avait également fait demi-tour. "-Il avait gelé ce jour-là" lui rappelle R. "-C'est complètement différent aujourd'hui."

Ils doivent de toutes les manières d'abord passer au Leroy-Merlin récupérer les catelles ethniques préalablement commandées pour le mur de la cuisine, au-dessus du plan de travail. Ils font également un crochet par Point P, car en chemin, R a cogité une amélioration pour le passage entre salon et la pièce no 1. "-On peut enlever les vieilles boiseries qui sont trop abimées et les remplacées par les mêmes lames de bois thermo-brossées qui ont servi pour le plafond." G pense que c'est une excellente idée, même si cela signifie que l'on revient à des travaux de gros oeuvre plutôt que les actuelles tâches de finition.

Ils ont cependant oublié d'acheter des carrelets sur lesquels fixer les planches. Alors, pendant que R fait un saut à Mr Bricolage, G repeint entièrement la chambre à coucher pour atténuer voire éliminer les marques de rouleau et autres traces de pinceau qui donnaient à la pièce un sentiment de travail bâclé.

L'arrachage des vieilles boiseries les ramène deux ans en arrière lorsqu'ils sont assaillis des odeurs d'urine de souris mélangée à de la très ancienne paille. Mais à force de penser aux finitions, ils oublient que le gros oeuvre, ça tâche et ça abime, en particulier le parquet qui reçoit des gros gravats, ce qui les force à prendre des mesures de sauvegarde en recouvrant le sol d'ancien pare-vapeur et autres cartons d'Ikea.

Il est déjà 11h30 et G doit retirer un colis dont l'avis de passage a été laissé dans la boîte aux lettres. G convainc R d'anticiper quelque peu le déjeuner avant que la Poste ne ferme. En ouvrant le colis, il admire sa nouvelle clé à griffe dont il a lu les mérites vantés sur internet, même si R gâche un peu sa joie en le mettant en garde de son utilisation avec la tuyauterie chromée. Pour déjeuner, ils retournent au St Clair car c'est le plus proche. Mais mal leur en prend, car le petit troquet a été pris d'assaut par une bande de jeunes américains en goguette dans les Alpes qui tardent à commander et se font traduire le menu dans toutes ses variantes. Le couple espagnol aux commandes est complètement débordé et G et R doivent montrer les crocs pour se faire servir un aloyau très médiocre.

L'après-midi, les travaux reprennent et ne sont que temporairement interrompus par la visite de P, qui était aller chercher un nouveau châssis pour sa voiture de rallye aux abords de Saint-Etienne, pas franchement sur le chemin, et cela s'arrose avec des bières toutes fraîches. G continue de peindre dans la chambre à coucher pendant que P et R posent les carrelets. Il faut tronçonner les segments de poutre et même briser les pierres qui dépassent. Toutefois, la tronçonneuse arrive en bout de course. Même lorsque la chaîne est changée, elle perd toute son huile qui se répand dans les endroits les plus inopportuns (le parquet, les murs, etc.).

Les carrelets sont finalement posés complètement orthonormés, avec des mortaises pour accueillir des lambourdes en tenons.

De son côté, G a fini de repeindre, mais les endroits où le plâtre avait été posé restent problématiques car la peinture s'écaille de nouveau. Il devient quasiment certain que c'est le plâtre qui crée la réaction. Il faudra donc encore poncer et remplacer le mauvais plâtre par du moltofil.

La pose des carrelets a causé l'écroulement de gros gravats et la dissémination de sciure dans toute la pièce qu'il faut à tout prix ôter pour éviter de rayer et abîmer le parquet.

Enfin ils rentrent, mais juste au moment de partir, G aperçoit S la véto en train d'essayer de hisser la brouette pleine de crottin et descend l'aider. "-Par ce froid, tout de même, vous êtes bien courageuse!" lui lance G. "Il faut bien!" répond-elle avec philosophie.

Le soir, ils se retrouvent à Dassier où N a préparé un gigot d'agneau cuisson lente, accompagné de houmous, patates, et des haricots. Et plus les digestifs sont éclusés, plus l'équipe est convaincue qu'il faudra bien entreprendre la distillation un jour!

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