Un évier, l'esprit de coing et l'âme bleue bosniaque

Samedi 24 novembre, E semble vasouillard au téléphone mais il tient à venir, malgré l'insistance de G pour qu'il se recouche et les rejoigne plus tard. G passe alors le pêcher en amenant les bons croissants au chocolat de chez Ducret. A peine embarqués dans l'Espace, que ne voilà-t-il pas GL qui sort guilleret de chez lui. G le klaxonne abondamment, avant que celui-ci ne réalise que le vacarme lui est destiné. Malheureusement, GL ne peut pas se joindre à l'équipe. Il a trop de travail et doit aller au bureau (un samedi! Un des secrets les mieux gardés de la richesse de la Belle Helvétie).

E et G prennent donc la route pour le chemin Taddéoli où R se réveille en sursaut lorsque G lui envoie un SMS pour lui dire qu'il aura un peu de retard, mais pas de panique, il faut simplement lancer la matinée avec moult tasses de café. Le léger et inéluctable retard causé par un réveil trop prompt sera avantageusement compensé par une meilleure disposition au travail. Le jour se lève avec un soleil resplendissant qui laisse présager une agréable journée.

Aux Bragades, les tâches sont réparties de manière classique. G doit préparer les supports qui soutiendront le four. Ce sont des bandes latérales sur lesquelles seront simplement posées des plaques de métal. Il faut juste faire attention à ce qu'elles soient droites. Pendant ce temps R et E se chargent de la pose définitive de l'évier. Le bord est soigneusement recouvert de scotch pour y apposer un joint de silicone assurant l'étanchéité. L'étape suivante consiste pour R et E à découper le deuxième plan de travail sous la fenêtre. Heureusement, la surface ôtée pour faire place à l'évier est juste assez grande pour une rajouture dans l'embrasure sous la fenêtre. Le plan est ensuite fixé avec des vis aux meubles. G doit préparer les câbles électriques pour le four et les plaques de cuisson. Ils sont interrompus dans leur travail par l'arrivée d'un chauffagiste, car G avait planifié un devis. Mais cette visite s'avère aussi longue qu'inutile car le chauffagiste ne propose que des poêles à bûches sans les pellets, mais il tient tout de même à faire l'article avec force catalogues et phrases commerciales destinées à hypnotiser le chaland ("Avec une panne d'électricité, votre poêle à bûche ne vous lâchera pas, tandis que les granulés, ma foi...").

À midi, et le Richemond étant toujours fermé, ils s'en vont déjeuner à l'Aparté où de grasses pizzas savoyardes leur remplissent la panse bien malgré eux.

De retour sur le chantier, G reçoit la mission d'équiper tous les caissons Method de montants pour les tiroirs et de percer des trous pour laisser passer les câbles électriques. Lorsque le four est inséré dans son logement, quelque chose cloche: il n'est pas droit. Malgré la certitude d'avoir pris des mesures une bonne cinquantaine de fois le matin et garanti l'horizontalité du plan avec un niveau, les plaques métalliques penchent vilainement. G ne comprend toujours pas le phénomène physique qui a pu causer pareille distorsion. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des forces paranormales viennent perturber les travaux.

Il faut démonter les montants et les remettre, ce qui fait perdre un peu de temps à l'équipe d'ouvriers, mais la seconde fois est la bonne et le four s'encastre à merveille dans le meuble et les câbles sont raccordés à l'arrière du four. Les plaques de cuisson sont ensuite simplement posées dans leur logement. Pendant que G installe tous les tiroirs, R et E montent le tourniquet du meuble d'angle. Un léger contretemps dû à l'oubli d'une charnière leur fait perdre quelques précieuses minutes, mais le tout est monté et tourne admirablement. Il y a même un étirement final qui permet de mieux accéder aux casseroles les plus lointaines du meuble d'angle. Ils fixent ensuite le robinet et après l'ouverture de la vanne de sécurité, l'écoulement du flux d'eau sonne bien aux oreilles tel un Wasserfall blond s'échevelant à travers les sapins. Il ne reste plus qu'à installer les tuyaux pour l'écoulement.

La façade du lave-vaisselle pose quelques problèmes de droiture, mais finit par être posée correctement.

Ce n'est pas mal pour une journée aussi courte. Il faut en effet partir plus tôt ce samedi, car R doit se rendre à Ferney pour une nouvelle performance au sein de sa chorale de la Prêle. Le soir ils se retrouvent de nouveau au chemin Taddéoli, où G prépare une bolo et, pendant que la sauce mijote, s'instruit sur les meilleurs patrons de tricot auprès de ces dames. E se rend particulièrement populaire en amenant un alcool de coings artisanal de Bosnie et qui donne du courage à ceux qui un jour sauront distiller et emprisonner l'esprit des ferments, mais surtout, ils reçoivent la visite de S, un ami bosniaque d'E, qui joue divinement de la guitare et qui incite le public, maigre mais aviné, à chanter avec enthousiasme.

  • sacha-with-neva.mp4
  • Sachas blues.mp4

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