L'herbe

N et G sont seuls ce matin. En plus G a promis de ramener l'instrument laser pour des travaux l'après-midi à Genthod chez P et S où le sol de la grange doit être entièrement refait et où les compétences et muscles de R sont requis.

Ils prennent la route par Meinier pour un crochet par le cercle des agriculteurs, où ils escomptent pouvoir acheter des semences d'herbe. Très novices, ils demandent conseil au vendeur qui les dirigent vers le bon produit. Il n'y a pas d'herbe de prairie, seulement du gazon, mais ils complèteront dans un autre magasin. Ils achètent également un semoir ("c'est le dernier!") et le magasin leur prête gracieusement un rouleau. "D'abord, vous remuez la terre à la motobineuse. Ensuite vous semez, réglez sur 4, c'est 40 grammes par m2. Puis, vous repassez au râteau et après au rouleau. L'arrosage à la fin." G qui ne possède pas de motobineuse, acquiesce de la tête en mimant la conduite de l'engin. Le vendeur leur prête gracieusement un rouleau qu'il faut simplement remplir d'eau.

Aux Bragades, la motobineuse est remplacée par un râteau et le travail commence par un ratissage méthodique de la surface de terre végétale qui a été aplanie sur le terrain. L'opération n'est pas très facile, car la sécheresse a rendu la terre très dure, et le râteau passe dessus comme sur du béton, raison pour laquelle G délègue cette tâche ingrate à N. Pendant ce temps, il monte le semoir et remplit le rouleau d'eau. Il prend ensuite le relais du ratissage pendant que Madame sème gracieusement les précieuses semences. La surface est importante et en pente, et le soleil commence à cogner. Ils reçoivent la visite des vétérinaires venus abreuver les pouliches, ce qui leur permet de faire une petite pause où l'on discute des derniers développements aux Bragades et ailleurs. Ils ont pu bénéficier du rabais de 50% pour le changement du poêle à bois, en récupérant l'ancien que G leur avait mis à disposition. "Mais vous avez oublié la vitre! Elle est là, si vous en avez besoin." "-Bah, le chauffagiste qui nous fait l'attestation est un client pour ses chiens! Il n'a pas été trop regardant.... hahaha!" Un autre voisin, le terrassier, s'arrête pour discuter. "Il faudra bien arroser, hein, votre gazon!" "On comptait sur la pluie, parce que notre tuyau est trop court..." "Y va pas pleuvoir jusqu'à fin octobre!" dit-il péremptoire. "Vous n'avez pas mis de panneau "contre la carrière?" lui demande S la véto. "Mais c'est pas ici, c'est à Saint-Jean de Tholome! Mais c'est vrai que toutes les maisons sont à vendre là-bas, forcément." Et d'expliquer tous les intérêts plus privés que publics qui ont prévalu dans la décision d'y placer une carrière.

Ils reprennent ensuite le travail, et G se lance dans le roulement du lourd rouleau, qui lui suggère un hapax assez cocasse ("en fait, c'est un alliterrassement"). Au début, c'est assez facile, car le terrain n'est pas trop en pente et les muscles sont encore frais. Mais au fur et à mesure que G descend le terrain, la pente devient plus forte, de sorte que le rouleau glisse de côté et entraîne le malheureux ouvrier qui se débat pour tenter un tracé horizontal sur le terrain, sans compter qu'il faut continuellement enlever les pierres et rhizomes de bambous qui dépassent. Par endroit, le sol est tellement dur, que rien ne change suite au passage du rouleau et les mottes de terre ressemblent à des cailloux. Quelques mètres plus haut, N passe le semoir sans vraiment regarder le sol, et en déclamant de longues tirades de sa prochaine pièce de théâtre (Le décameron des femmes). Une fois tout le terrain ensemencé et passé au rouleau, ils l'aspergent d'eau jusqu'à la longueur du tuyau, bien trop court malheureusement. Il est déjà 14h00, alors ils prennent leurs cliques et leurs claques pour rendre le rouleau au magasin. Le vendeur: "Et bien, c'était rapide! Vous avez fait ça au pas de course!" Et c'est un peu vrai. Peut-être même que c'est un peu bâclé.

L'après-midi,

et comme promis, G retrouve R, S et P qui tentent la pose de nouvelles poutres dans leur grange. La mission semble impossible car l'escalier de la grange était enchâssé dans la poutre qu'il a fallu enlever, mais qui en se cintrant a fait baisser ce même escalier. Faut-il compenser par un tablettage long et fastidieux? R propose de remonter l'escalier à l'aide d'un cric à camion. "C'est un cadeau de mon grand-père! Il date des années trente!" précise P en exhibant fièrement le lourd engin.

Le cric est positionné de manière stratégique juste au-dessus d'une poutre soutenu par une pointelle. En tournant le cric, tout l'escalier remonte très facilement et sans effort. Il y a évidemment un peu de plâtre qui se craquelle, mais le dommage collatéral est mince en rapport au gain de tablettage économisé.

R est tout à coup sujet à une impression de déjà vu lorsqu'il pose une poutre sur le faîte du mur. Forcément, l'impression vient des Bragades où la salle à manger a subi le même sort. R a commencé tout petit à Rossa, pour la maison en pierre qu'ils ont entièrement rénovée, puis changement de calibre avec les Bragades, mais là, c'est carrément une maison de maître qu'il faut rénover, avec une surface encore plus grande. G amène une maigre contribution en préparant le mortier, avec la consistance parfaite. Au final, trois poutres auront pu être posées cet après-midi. Courage, plus qu'une cinquantaine!

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