Labor Day (=jour de labeur)

Comme chaque année, le 1er mai est un jour sacré de repos et de cortège pour les travailleurs. Quoi de mieux alors qu'une petite escapade aux Bragades pour faire avancer le chantier?

Quand G arrive à Cointrin, il constate qu'il n'est pas le premier visiteur. D'autres amis ont profité du jour de congé pour venir récupérer une ruche pleine d'abeilles un peu désorientées et incertaines quant à leur futur sort. Les nouveaux régents l'assurent: "Nous allons favoriser l'épargne, la vertu exemplaire et une vie sobre et morale à ces abeilles!" Jusqu'alors, au 10, chemin Taddéoli, le vice et la prodigalité avaient envahi le bâti de ces insectes et régnaient en maîtres tout comme chez leurs voisins hominidés. Certes, il y avait beaucoup de miel, mais la ruche était remplie d’une multitude prodigieuse d’habitants occupés à satisfaire la vanité et l’ambition d’autres abeilles, qui étaient uniquement employées à consumer les travaux des premières. Chevaliers d’industrie, parasites, courtiers d’amour, joueurs, filous, faux-monnayeurs, empiriques, devins et, en général, tous des fripons!

Une fois débarrassés de la ruche, R et D émettent un long soupir de soulagement, car eux-mêmes ont pris de bonne résolutions et craignaient l'influence néfaste de leurs voisines.

Aux Bragades, une fois la bonne ligne définie au laser, le travail reprend avec la colle, les catelles et les croisillons. Pendant que G attaque les parois, R gère la pose des catelles sur les embrasures de la fenêtre, une tâche plus technique.

A midi, les deux ouvriers sont confrontés à un problème de fermeture. Seul le kebab est ouvert, qui semble avoir changé de propriétaire pour le pire. Quelques rares passants en training, baskets et casquettes viennent davantage pour tailler le bout de gras que pour l'avaler. Chose que fera avec force problèmes de déglutition G après avoir commandé un Tacos Latinos, rempli de frites, d'un reste de panse de mouton et de fromage gras et dégoulinant. R , plus prudemment, commande un kebab classique. G qui voulait perdre sa virginité en matière de nutrition post-adolescente le fit en payant le prix fort (non pas en espèces mais en déchéance morale). En bref, un sandwich à la tartiflette avec des matériaux moins nobles. Digestion difficile garantie.

L'après-midi, R se lance dans la peinture du toilette. Il étale une belle couche de dispersion en chantonnant l'hymne de sa vallée d'adoption:

L’inverno l’è passato
l’aprile non c’è più'
è ritornato maggio'
al canto del cucù:'
Cu-cù, cu-cù, l'Aprile non c'è più,'
è ritornato Maggio al canto del cu-cù.'

Et effectivement, le cuculidé a fait son apparition aux Bragades comme chaque année dans les premiers jours de mai. G est très attaché à cet oiseau qui souffre, comme lui, du syndrome de l'honnête homme.

Il n'y a qu'une partie un peu technique dans la pose des catelles, qui demande les compétences de R, à savoir la découpe des trous pour les arrivées d'eau du robinet de la douche. Heureusement, G avait pensé à acheter une lame spéciale de scie sauteuse qui permet de découper la faïence. R en profite pour fixer également la poignée de porte des toilettes, qui peut avoir une fonction rassurante pour les gens devant s'y rendre au même moment.

G, de son côté, pose avec application la dernière petite catelle, un petit carré de cinq centimètres en haut du renvoi de l'espace de douche et ça, ça se fête comme il se doit, avec une petite bière!

Le soir, ils pourront se rattraper culinairement au Saigon Pearl de Versoix, où G dégustera un délicieux phở. La maîtresse de maison sera d'ailleurs fort impressionnée par la précision dans la prononciation de l'idiome par G, n'en déplaise à N et V qui ricanent encore en leur for intérieur.

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