La grande plainte du battiscopa

Et oui. Cela faisait longtemps qu'elles étaient là et attendaient d'être posées, ces plinthes, car c'est déjà de la finition. Le problème principal de G cette deuxième semaine de décembre tient à la perte, ou plutôt noyade, de son smartphone dans la cuvette des toilettes, ce qui le rend particulièrement désagréable comme tous les toxico-dépendants en situation de manque, mais surtout l'oblige à jongler d'un téléphone à l'autre pour atteindre ses potentiels compagnons du samedi. E décline car il s'est engagé à assister à un match au sommet de football entre Lausanne Sport et Servette FC. "Attention à la queue au guichet!" le prévient G en gloussant, "On attend 50'000 personnes!".

Or samedi 8 décembre était donc en partie consacré à poser des plinthes. La première plinthe qui méritait l'attention était celle de la cuisine, formée de petits rectangles découpés dans le carrelage du sol et placés bout à bout sur le bas des murs, la semaine précédente. Comme de coutume, il faut au préalable supprimer toute trace de colle à catelles. C'est la mission de G pendant que R s'occupe de coller le plan de travail sous la fenêtre. Il pose également un mastic entre les plans de travail, mais la couleur est plus claire qu'ils ne l'avaient escompté.

La phase de jointoyage débute avec le malaxage de blanc de joint jusqu'à obtenir la bonne consistance. L'application elle-même est plus délicate, car il est moins aisé de faire pénétrer le blanc dans les joints en raison de l'angle et de la petitesse des plinthes. Le travail est ingrat car très salissant et peu efficace, les joints n'étant pas toujours bien remplis. R propose à G de couper la raclette en deux morceaux pour faciliter l'étalement. Le résultat est un peu mieux mais toujours lent et salissant. Alors R propose de tenter le pistolet. Un ancien tube est rempli de la mixture et un fin bourrelet de joint se pose précisément entre les catelles. C'est un succès à tous points de vue, car même le nettoyage est minime. Une invention à breveter un jour?

Pendant qu'ils travaillent dans la cuisine, le ventilateur du petit convecteur de secours fait un bruit infernal de frottement, puis soudainement devient silencieux. Ce changement non-sollicité inspire à R une théorie des défauts mécaniques permettant de les classer dans deux grandes catégories. La première est celle classique qui obéit à la deuxième loi de la thermodynamique. La pièce défectueuse devient toujours plus défectueuse jusqu'à causer la panne. La seconde catégorie est constituée de pièces défectueuses auto-réparantes. Un défaut lié à un frottement cause le principe mécanique sous-jacent de moins bien fonctionner, mais le frottement lui-même usera suffisamment les pièces en friction jusqu'à faire disparaître le frottement. Et bien le ventilateur du convecteur appartient certainement à cette deuxième famille.

R a de son côté essayé de brancher les câbles de la cuisinière à une boîte de dérivation, mais les filins sont trop épais et ils ne rentrent pas dans les sucres.

Comme il est 11h20, ils se décident à faire un tour au Mr. Bricolage avant de déjeuner. Là-bas, ils s'approvisionnent en sucres permettant de recevoir des filins jusqu'à 6mm2 (la dimension normale est 2,5mm2). Ils achètent un tube de mastic couleur acajou pour voir si le rendu est plus harmonieux et G prend également une tringle et un rideau-douche.

Le déjeuner dans le restaurant de la place est honnête. Le serveur, fraîchement débarqué d'Espagne, hurle plus qu'il ne parle ce qui surprend les clients. "Yé pé prendré votré bière?" demande-t-il à R en saisissant déjà le verre. "Ola, attendez, il y a encore un fond" lui répond R qui s'empresse d'avaler la dernière gorgée. "Ha, mais vous savez, en Espagne, personne né boit ça! Il fait trop chaud, c'est pas bon, et c'est plein de bave!".

L'après-midi, ils testent les nouveaux sucres et, après une rude bataille, tous les filins de cuivre sont insérés. Ils effectuent un test des plaques et du four, et tout fonctionne à merveille. G continue de se lamenter de son avarice qui lui a fait acheter un four, dont les possibilités sont somme toute très limitées.

Le silicone de couleur acajou est posé dans les fentes et la teinte se révèle tout à fait correcte. Étrangement, il sèche très vite avec une consistance différente des autres mastics. Ils effectuent aussi le branchement du lave-vaisselle, mais le robinet ne semble pas très fermement assuré, alors un peu de filasse, de graisse de plomberie et le tour est joué. Le test avec un programme de rinçage est parfaitement concluant sans la moindre trace d'humidité.

Pour terminer la cuisine, R découpe encore des planchettes pour couvrir des parties blanches du meuble, pendant que G passe avec délectation une première couche de Behandla (une simple huile de lin d'Ikea) sur le plan de travail pour lui garantir une meilleure longévité.

Il pose encore toutes les étagères dans les meubles supérieurs et la cuisine est finie à 99%. Il ne manque plus qu'à mettre une pile dans la télécommande de l'éclairage, poser une boîte de dérivation pour l'électricité alimentant les futurs électroménagers et encore de poser des catelles contre le mur. Ah, peut-être devrait-on parler d'un 95%.

Après cela, ils décident de s'attaquer à une première plinthe dans le living. Heureusement, R est équipé d'une scie à onglets électrique qui permet de découper à 45° les extrémités des plinthes pour les coins. Le mur n'étant pas droit, il faut définir l'angle de manière empirique, mais au final la découpe est satisfaisante. En revanche, la technique consistant à percer dans le mur directement à travers les plinthes est risquée car la percussion de la perforatrice cause des fissures dans la plinthe et ils doivent renoncer à cette technique. Il y a toujours au final un arbitrage à opérer entre temps et matériel.

La dernière tâche de la journée consiste à faire l'inventaire des objets et matériaux manquants.

Le soir, ils se retrouvent autour d'une délicieuse soupe aux légumes, de fromages de saisons et surtout de bonnes mandarines pour fêter l'arrivée de Saint-Nicolas.

Le smartphone étant inopérant, aucune photo n'a pu être prise ce samedi 8 décembre, mais le lecteur de ce blog pourra profiter de la diversion et admirer le matou le plus cabossé de Cointrin.

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