Ah, les apprentis maçons se sont levés tôt, et il fait encore bien nuit sur les routes, mais pas question de décevoir maître A. ... N. et D. sont restées couchées, et il faut savoir se montrer indulgent avec les maçonnes. Sur place, R. et G. s'affairent très vite pour installer au mieux le matériel […]
Ce vendredi là se devait de commencer par un passage dans le temple de la maçonnerie, que seuls les initiés connaissent véritablement: Jérôme. Une institution pour les bâtisseurs de la région. Depuis 128 ans, cette entreprise familiale fournit les professionnels en outils, machines et matériaux. On n'y entre pas comme ça, hein. Il faut montrer patte blanche.
Bin oui, ça arrive dans les meilleures familles: plus de réseau, même pas de téléphone fixe pour recevoir des appels de télémarketing.
Oui, crazy house et non crazy horse, qui sera peut-être un jour le titre d'un autre billet. Qui est habité par la folie de la maison? Sont-ce ses nouveaux propriétaires inconscients au moment de son achat, hypnotisés par d'imaginaires atours? Ne serait-ce pas plutôt la maison elle-même qui a décidé un jour de contredire gaiement les lois d'Archimède et de Newton? Alors peut-être qu'il faudra un jour mettre en vigueur le système du Dr. Tarr & du Prof. Fether. Aux échecs, Crazyhouse est une variante du jeu qui emprunte au Shogi la possibilité de déposer sur l'échiquier les pièces prises à l'adversaire avec la couleur inversée. Cette variante est très populaire en raison des nombreux effets de surprise qu'elle provoque, tout comme une maison ayant perdu la raison et escamotant toutes sortes d'objets ou formes inattendues dans ses recoins. Mais l'analogie ne s'arrête pas là: au Crazyhouse, il n'y a pas de finale technique avec mort lente. Il y a seulement l'estocade brutale qui frappe l'un des deux joueurs, alors qu'il s'y attend le moins.
Même le voyage de mille kilomètres commence par un pas. Point ne sert de courir, il faut partir à point, etc. Autant de locutions pour conjurer le découragement auquel ont dû faire face des générations de bâtisseurs depuis la nuit des temps et qui rappelle à quel point la corde sur laquelle on marche dans ce genre de projet est raide. Mais ce weekend du 6 et 7 février fut malgré tout rempli de bonnes énergies tant les visites et coups de mains prodigués furent nombreux.
Si seulement. Nous n'en sommes qu'à une étape très préliminaire d'un objectif intermédiaire, mais point ne sert de se décourager. Ce troisième weekend de travaux de maçonnerie provoque inévitablement, chez les bourgeois que nous sommes, une réflexion sur la condition ouvrière. Une réflexion nécessairement superficielle en raison de la grande poussière de ciment qui se dépose sur le cortex et obstrue les connexions synaptiques, mais malgré tout utile à l'épanouissement du propriétaire immobilier.